CRÔNICAS

Débattre ou ne pas débattre, c'est la question

Em: 29 de Setembro de 1982 Visualizações: 6212
Débattre ou ne pas débattre, c'est la question

Suppément à L'Ardennais - No.11,.606: mercredi, 29 septembre 1982 

L' invité du jour: 
ESTA É A QUESTÃO

Par José Bessa-Freire, journaliste brésilien

José Bessa Freire, le correspondant du Porantim de Brasília. Nous avons songé à lui donner la parole pour qu' il contribue  à repercuter dans ce "journal du festival" le caractère international de la manifestation. Accompagnateur-intérprète du Téatro de Bonecos Dada, il est donc - en outre - directemente impliqué dans le déroulement du festival. Ce qu'il nous en dit ne manque pas d' intérêt... Pour lui, "débattre ou ne pas débattre, c´est la question" (esta é a questão).

Ce qui se passe au VI ème Festival Mondial est très important pour l´avenir du théâtre de marionnettes. Le niveau artistique de plusieurs groupes est excellent. Les Carolomacériens sont très accueillants. La ville est pleine de couleurs, particulièremente avec les vitrines décorées par plus de 200 marionnettes. L´atmosphère est imprégnée de marionnettes, Tout le monde respire la marionnette. Les enfants semblent très heureux et les adultes décontractés. La fête est partout présente. Personne ne s´ennuie.

Pendant tout le festival, le temps disponible de chacun est entièremente monopolisé par les différents spetacles à tel point qu´il faut courir d´une salle à l´autre et avoir le don d´ubiquité pour assister en même temps à des spectacles joués à la même heure. De plus, il faut profiter des intervalles - malheureusement presque inexistants - poir visiter une douzaine d´expositions, jeter un coup d´oeil sur les spectacles de rue, visiter les librairies richement pourvue de livres spécialisés. Enfin, il faut encore trouver du temps pour établir des contacts avec les autres groupes, des contacts rendus difficiles à cause des différence de langues. Tout cela témoigne de la vitalité du festival, mais constitue parallèlement sa faiblesse.

Malgré cette hyper-activité, ou peut-être à cause d´elle, pour les brésiliens et plus généralement les latino-américains, fortement représentés durant ce festival, l´expérience est quelque peu frustrante. Nous attendions quelque chose d´important, mais qui fait défaut: la réflexion et la discussion. On voit des poupées souvent très belles et des techniques parfois très sophistiquées, mais on ne cherche pas à réfléchir sur les choses qu´elles veulent dire. On aime ou on n´aime pas une pièce, mais aucune réflexion systématique n´a été élaborée à propos de la finalité du théâtre de marionnettes, son langage, son contenu, son rôle social, politique, éducatif, etc... On fait du théâtre de marionnettes, mais on ne réfléchit pas à sa fonction.

A la fin du festival, les groupes rangeront les poupées dans leurs valises et retourneront chez eux, certes avec des souvenir agréables, mais sans avoir nécessairement approfondi leur pratique, leur expérience. Excepté quelquer articles dans la presse - notamment la chronique d´Annie Gilles - aucun lieu ni aucun moment n´aurait été réservés à une réflexion sur le concept même du théâtre de marionnettes, chose surprenant si on considère que la France possède une tradition théorique de pensée abstraite dans de multiples domaines artistiques et scientifiques. Peu-être pourrait-on intégrer dans le déroulement du prochain festival un programme de discussion (séminaires, colloques, etc...) lié à différents thèmes. Cela pourrait aussi permettre à des groupes d´exposer leurs conceptions sur le théâtre populaire et sur les rapports entre la technique et les contenu des pièces. Et maintenant je pense surtout au Teatro de Bonecos Dada, sans aucun doute le meilleur groupe de marionnettes du Brésil.

On pourrait imagines des débats à plusieurs niveaux, les uns réunissant uniquement les marionnettistes, les autres consistant en une confrontation avec le public. Peut-être cela permettrait-il aux marionnettistes - cette espèce condamnée à la disparation comme nos indiens amazoniens? - de ne plus être considérés comme des techniciens, des "homo faber", mais comme des "homo sapiens" qui font et pensent aussi sur ce qu´ils font.
Publicado no jornal L'ARDENNAIS - Supplèment à L´Ardennais, Nº 11.606 du mercredi 29 septembre 1982, pg.8

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